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EN ALAN AR MEURVOR
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18 juin 2018

TRUGAREZ

Samedi soir, deux femmes venaient dormir à la maison, de l'Anjou. Je les connaissais pour ma part assez peu: j'avais vu l'une une fois et l'autre deux, mais sur scène, ce qui ne favorise guère les échanges.

De leur côté, elle ne pouvaient avoir de moi que le même souvenir fugace, mais l'une ayant côtoyé assidûment Vladimir, j'ai pu penser un instant qu'elle en savait un peu plus sur moi, ne serait-ce que mon activité professionnelle.

Ne croyez pas un instant que cela ait eu la moindre importance à mes yeux sauf qu'au moment de leur arrivée tonitruante, leurs propos incohérents et étranges m'ont fait pensé un bon moment qu'elles ne pouvaient ignorer que j'enseignais l'idiôme armoricain et qu'elles s'en gaussaient quelque peu. Il m'est arrivé parfois, hors de mon milieu d'évolution habituel, d'être vu comme une bête curieuse, et ces souvenirs ont pu me conforter dans mon impression première.

En en reparlant le lendemain, j'ai su qu'elles pensaient alors que j'étais luthier (et la petite harpe théâtrale sur la table de salon n'a fait que les maintenir dans l'erreur) et ignoraient tout de mon rapport à la langue bretonne, ce qui a rendu encore plus cocasse à posteriori le retour sur les évènements.

Les fins connaisseurs de la situation actuelle de la langue bretonne mesureront mon étonnement à sa juste valeur.

En effet, les deux demoiselles, malgré (ou à cause du...) le GPS se sont perdues dans le bourg de P., ce qui est déjà, quand on connaît la topographie locale, un exploit. Il crachinait, on approchait les 20h et le patelin, d'ordinaire si vivant, était désert. Elles avisent alors un vieux monsieur, qu'elles décriront ensuite comme beau, digne et racé, et lui demandent comment trouver la route du C. Ce dernier s'acquitte de sa tâche sauf que... elles ne comprennent pas un mot. En toute conscience - et malice - il leur avait donné l'explication en breton. A leur insistance il finit par parler français, leur intime de ne pas rigoler, que la question de la langue bretonne est chose sérieuse, que quand il était jeune c'était latin dans l'église et breton au dehors, donne l'étymologie du nom de ma rue, la situe à grand renfort de sud et de sud-ouest. Au moment de se quitter, et après qu'il avait raconté pas mal de choses, elles demandent comment on dit merci en breton et sont gratifiées d'un sentencieux trugarez (tiens, tiens, le fameux mot que les vieux ne connaissent pas...) non sans qu'il ait insisté sur la prononciation et leur ait recommandé de rouler les "r" comme lui (à la façon capiste, NDLR) si elles voulaient faire impression.

Et c'est en sortant ce trugarez à tort et à travers (mais plutôt bien prononcé) qu'elles sont rentrées chez moi... Comment aurais-je pu penser qu'elles faisaient autre chose de de me taquiner? Arrivées au bout du bout du Finistère, elles ont pensé que cet usage intempestif du breton était somme toute normal ici !

Je les détrompai, leur indiquant qu'une telle fierté revendicative était rare chez les anciens. Mais j'étais tout émotionné de cette histoire et pour la première fois, fier des habitants de P.

Dimanche, elles m'ont montré sa maison.

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Commentaires
P
Karagar > Ah, intéressant, et si jamais en plus de fin, beau, racé et très très vieux tu subodores qu'on peut ajouter propriétaire à l'aise et sans famille, tu t'arranges pour me le présenter ? :):):)
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K
Plume> Oui, il faut, d'autant qu'à beau, fin et racé, j'ai oublié d'ajouter, très très vieux !<br /> <br /> Calystee> Avec des mecs comme toi, suis au chomdu ! Bravo !<br /> <br /> Cornus> Comme tu dis.
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C
Plume : Internet m'a beaucoup aidé .......
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C
Karagar> Ah ben ça alors !...<br /> <br /> <br /> <br /> Calyste> "Kompren a ran" : cela ressemble beaucoup à du morvandiau.
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P
Uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! Calyste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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