FRISSON
Le rendez-vous est arrivé plus tôt que prévu. Je l'attendais et l'appréhendais tout autant, je savais qu'il faudrait négocier ferme, grappiller des minutes de temps précieux...
Parfois Kafka est dépassé ! (J'ai quand même 25 comédiens et chanteurs à la rue entre la fin des répet et le spectacle, au point que je m'empresse dans la foulée de réserver une salle voisine pour les abriter !!) mais je reste zen et au moins je réussis à ce qu'on me prenne au sérieux.
A un moment, sous l'effet d'une anxiété certaine, je demande où se trouve les toilettes. Or, il se trouve que pour m'y rendre je dois traverser le plateau, trouver la porte à jardin lointain, bref un vieux théâtre biscornu... c'est son charme.
Et donc, me trouvant plus tôt que prévu seul sur le plateau, et jetant un regard à la salle, je me rend compte que c'est toujours impressionnant un théâtre à l'italienne (même très modeste et pas très beau comme celui-ci) vu de la scène. J'ai toujours adoré ce privilège de voir les théâtres vide, qui semblent attendre les spectacles. J'ai parfois cette occasion grâce à Vladimir et je peux alors profiter de cette vision comme d'un baiser volé, l'esprit serein. Un court instant, je me laisse aller à ce petit plaisir, mais très vite me revient un détail en tête : ça n'est pas pour Vladimir, cette salle.
Depuis pas mal de mois j'angoisse. Depuis cet après midi, j'ai le trac.