Auf der einen oder der anderen Seite des Rhein 3 : SCHWARTZWALD
Nous arrivâmes dans un village de la Forêt Noire en fin de journée après avoir traversé le Rhin à Kehl, sur un pont dont j'avais tant entendu le nom que je l'imaginais joli, au bout d'une longue avenue qui aurait mené majestueusement de la cathédrale strasbourgeoise en Allemagne. Quelle déception !
A la pension des Trois Sapins, l'accueil fut lui aussi pour le moins inattendu. Après que Vladimir avait décliné son identité, notre hôtesse fit mine de ne pas nous connaître et après avoir trouvé trace des échanges internautiques qu'elle avait eu avec lui, elle déclara que leur "conversation" par mails interposés n'avait pas assez duré pour qu'elle ait considéré la réservation comme sûre. Je me voyais déjà devoir chercher un autre hébergement, lorsque nous comprimes qu'il restait malgré tout de la place. (Sur huit chambres, une seule était alors occupée en réalité, ce que nous déduisîmes plus tard!). Le formalisme de notre hôtesse fut encore mis à rude épreuve, lorsque Vladimir se montra incapable de fournir une pièce d'identité - j'avais eu la mauvaise idée de lui offrir un nouveau portefeuille récemment... - et baragouina une excuse alambiquée tout autant que peu convaincante sur son changement de nationalité.
Une fois installés dans notre chambre vaste et spartiate, qui avait à mon goût quelques relents hospitaliers (ou conventuels), nous lûmes la brochure d'accueil où il était spécifié que le dimanche étant jour du seigneur et de la famille, les chambres ne seraient pas faites. C'est alors que nous remarquâmes la forte abondance d'images pieuses dans toute la pension. Autant dire qu'une certaine inquiétude était alors montée en nous.
Eh bien, ces craintes se dissipèrent, et à part l'angélus bien matinal sonné sur des cloches successives et vraiment tonitruantes (ah la qualité allemande !), rien ne troubla notre séjour et notre hôtesse s'avéra fort prévenante.
Pas d'églises (à part la virée strasbourgeoise) au programme, rien que des balades, dont deux circuits qui démarraient à proximité de notre maison et nous permirent de délaisser enfin la voiture, qui pour nous satisfaire pleinement pouvait un peu se faire désirer après les kilomètres alignés.
Voici pèle-mêle des images des paysages environnants, caractérisés par des forêts immenses, où, au dessus des hêtres, les sapins dominent jusqu'au sommet. De grands herbages d'une verdeur quasi irlandaise y font de magnifiques trouées.
Grand amoureux des arbres, je n'ai jamais été très fan des sapins et autres épicéas. Mais je dois dire que ceux que nous vîmes là bas étaient d'une telle majesté, d'une hauteur cathédralienne, que je révisai un peu mes a priori.
L'omniprésence du bois, des scieries, de son odeur a été quelque-chose qui m'a également beaucoup plu. Le long des promenades se trouvaient différents objets et sculptures, pas toujours du meilleur goût, taillés dans des morceaux de bois restés sur place ou des souches.
Plus charmant, au long des sentiers, des bars self-service, où des boissons locales, alcoolisées ou non, sont proposées, réfrigérées par des circuits d'eau fraîche détournée des ruisseaux de la montagne.
La photo de notre pension donne une idée de l'habitat. L'architecture est traditionnelle mais tout est tellement pourléché, propret, géraniumé à outrance, qu'on peine à distinguer le bâti ancien du neuf et que tous ces villages sans verrues et où rien ne dépasse me laissèrent de marbre.
Un jour, nous reprîmes la voiture pour un itinéraire qui nous mena à la cascade d'Allerheiligen en sept paliers, que l'on peut longer sur toute sa hauteur grâce à des escaliers.
En haut se trouve une ancienne abbaye ruinée dans laquelle était dressée une scène de théâtre où on avait eu le mauvais goût d'installer un décor moyenâgeux de pacotille qui jurait avec les vrais vestiges...
De là nous nous rendîmes au Mummelsee, seul endroit touristiquement surfait des environs, où je m'improvisai capitaine de pédalo (un baptême!).
Un sentier menait au sommet du Hornisgrinde, point culminant du nord du massif (1164 m), où se dressent plusieurs tours d'observation, dont la tour Bismarck, et une éolienne typique des éoliennes allemandes (très haute et base peinte en vert).
Du haut de cette dernière on pouvait voir le Rhin et la cathédrale de Strasbourg, distante de 33 km.
Un moment, je perdis Vladimir, pouvez-vous m'aider à le retrouver?
Bruyères et myrtilles.
Folie d'épilobes...
Petites distractions cornusiennes (il a vu certaines en vrai...)
Nous étions alors tout proches de Baden Baden, où nous primes notre dîner....