IWERZHON FIN
PENN AR VEAJ
Nous quittons les montagnes de Wiclow sous un crachin presque breton, non sans faire une escale, tout près de notre gîte, auprès d'une cascade (Carrawaystick Waterfall) qui dévale un des flancs de la vallée de Glenmalure. Dans un fol élan d'optimisme, nous escaladons le flanc de la vallée dans un lit secondaire de la cascade, inoccupé l'été. Nous sommes parmi les pierres et les fougères, ça glisse pas mal, et au bout d'un moment, nous abandonnons. De retour en bas, avec le recul, nous constatons que nous étions tout prêt du but !
De là, nous prenons la route de notre pénultième escale, Kilkenny, ville assez pittoresque, connue pour sa bière et ses... stages de harpe. Je raterai d'une semaine une vieille connaissance, A*nn Hey*mann.
Il y a un château, des cathédrales (dont une ancienne), des vieilles rues et beaucoup de touristes. La température dépasse ce jour les 20 °, on risque le T-shirt, histoire d'en avoir au moins un à laver au retour.
La cathédrale Saint Canice (ou Kenneth) est sans doute, de toutes celles que j'ai vues dans ce pays, celle qui m'a le plus charmé. Elle se présente sous forme d'un édifice fortifié dans style early english gothic. J'aime les extérieurs sévères. Le portail ouest lui est assez orné dans un style que ne renierait pas la Normandie.
La cathédrale est en outre flanquée d'une tour ronde, plus ancienne, dans laquelle on peut monter. Outre la belle vue qu'elle offre sur la ville et l'édifice, cela permet de se rendre compte de l'espace intérieur. Bien sûr les échelles et planchers intermédiaires sont modernes, mais sans doute guère différents de ce que fut l'aménagement originel.
L'intérieur, au son d'opéras de Mozart, répétition oblige, est d'une belle simplicité, qui contraste avec la forêt de la charpente à l'anglaise.
Dans toute la ville, on peut voir des effigies de chat noir, mais je n'ai pu en trouver la signification. La cathédrale ne dérogeait pas, mais la représentation y était très... naturaliste.
Le château médiéval, bien trop restauré, est très anglais d'aspect (et d'origine of course !), une sorte de mini Windsor. Derrière s'étend une impressionnante pelouse...
Le lendemain nous prenons la route de notre dernière étape mais nous n'y allons pas directement car nous nous détournons pour aller à Thurles. Je connais ce nom depuis 40 ans, car ma soeur racontait toujours une histoire à propos de la prononciation du nom de cette bourgade peu connue qui s'était trouvée par hasard sur sa route. Je n'imaginais pas alors que j'irais et encore moins la raison qui m'y amènerait.
Essayons d'être bref. Dans ma période harpistique, j'ambitionnais (mais en aurais-je eu les moyens financiers?) de me faire faire une harpe plus conforme aux clairseach historiques. La harpe de Trinity College était sans doute une manière de perfection formelle indépassable mais j'ai toujours eu du mal à me voir jouer d'un instrument aussi petit. Dès le XVIème siècle, les harpes grandissent mais perdent la belle silhouette médiévale. Un jour, je repère une harpe qui bien que baroque avec un grosse volute qui me l'avait fait dédaigner longtemps, reprenait à bien y regarder peu ou prou les formes anciennes et était dotée d'une caisse de résonance impressionnante (ce qui n'était pas pour me déplaire). J'avais même dessiné un projet qui tentait l'hybridation de la Brian Boru et de celle-ci, la O'Fogerty harp. A*nn Hey*mann, la grande spécialiste du sujet, n'avait pas validé mon dessin pour des raisons techniques que je n'aborderai pas ici. C'est dire si cet instrument avait, il fut un temps, occupé mes pensées. Il se trouve aussi, Cornus avait posé une question sur ce sujet je crois, que la Fogerty est en assez bon état pour qu'on ait pu tendre un peu ses cordes et en essayé la sonorité. Puissante selon Ann.
Et voila que j'apprends que cette harpe dont je croyais qu'elle était conservée dans un lieu privé a été déposée dans la bibliothèque de Thurles ! Après avoir téléphoné, nous nous y rendons. C'est très amusant car sans doute personne ne fait cette démarche. Sur place un gardien nous demande ce que nous cherchons : la harpe! Ah, la harpe. Suivez-moi! Nous traversons à sa suite la salle de lecture (ambiance très studieuse, beaucoup d'étudiants), montons à l'étage, zone administrative à l'évidence, où nous sommes confiés à des agents administratifs. La harpe, s'il vous plaît. Ah, la harpe ! On nous conduit alors au fond d'un couloir où, dans une cage de verre, se trouve mon ex future harpe ! Ça c'est l'Irlande hors des sentiers battus ! (je joins une photos Internet car les nôtres sont inexploitables...) Encore un peu d'émotion à voir quelque chose que je n'imaginais pas voir un jour.
Un peu plus loin nous tombons presque par hasard sur l'abbaye de Holy Cross (on y conserve un bout de la vraie croix !). C'est encore une fois une belle surprise (il semble qu'aux derniers jours se sont concentrés les beaux édifices gothiques). Elle était très ruinées et a été restaurée récemment, de belle manière. On y voit des voûtes compliquées à l'anglaise, un escalier qui mène aux dortoirs qu'on a l'impression d'avoir vu 1000 fois tant les cisterciens respectaient strictement les consignes, des sculptures aux belles formes angulaires, des marques de tâcherons très élaborées et un cloître qui m'a fait penser à Tréguier.
De là, nous rejoindrons finalement le Rock of Cashel (Carraig Phádraig), haut lieu historique et archéologique de l'Irlande. C'est là que Patrick a prononcé le sermon montrant un trèfle comme symbole de la Trinité.
Tout le monde a vu des images de cet endroit où s'intriquent plusieurs monuments de périodes diverses. (Il y a aussi une abbaye en contrebas du roc) Le plus grand est une cathédrale gothique, le plus remarquable une chapelle romane voûtée, assez ornée et où subsistent des traces de peintures. Un endroit qui nous a marqué, très prenant malgré les maladresses d'exécution qui témoignent du peu d'expériences des architecte dans cet art venu d'ailleurs. Hélas, la chapelle romane était entièrement recouverte d'un échafaudage qui défigurait le site... Malgré le défilé des touristes, nous eûmes un moment à nous dans la chapelle. On nous demanda même l'autorisation, au bout d'un moment, de faire entrer du monde avec nous ! Pour qui nous avait-on pris?
Dans le musée on voit une cloche celtique, trouvée sur place, objet assez troublant car il rappelle les cloches des saints bretons conservées danscertaines de nos église.
Nous voici sur le ont du navire, à Cork.
La cathédrale néo gothique de Cobh est bien connue des voyageurs. Son architecture rayonnante française étonne à cet endroit.
Dès que le bateau s'éloigne de l'Irlande, le soleil revient. La lumière est magnifique.
Soudain le capitaine fait une annonce!
Baleines à tribord.
Et en effet, bien que les animaux restent invisibles, de grands geysers trouent la surface de la mer!
Après avoir espéré en voir en plusieurs endroits du monde, c'est là, alors que le Bretagne se rapproche, que j'en vois pour la première fois de ma vie.