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EN ALAN AR MEURVOR
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25 septembre 2016

UNE PRISE USB DANS LA TÊTE

Il m'est arrivé aujourd'hui une expérience inédite dont  je croyais à peine qu'elle puisse être possible. Visitant une exposition dans une maison phare de la côte nord du Cap, où étaient exposées, entre autres choses, des photos de phares et de vagues, je tombe sur un cliché devant lequel je m'arrête, interdit, sans comprendre immédiatement d'où vient mon trouble. Cette photo, je l'ai déjà vue, d'une certaine manière j'en suis l'auteur, alors que je n'ai pas appuyé sur le déclencheur. Cette composition de formes et de couleurs, je l'ai formée dans ma tête pour écrire le début de la nouvelle "Le Roc", avec précision. J'en ai tendu l'image sur l'écran de mon imagination comme une caricature improbable, un agencement trop beau pour être vrai, à l'unisson avec le romantisme échevelé et baroque du récit.

Or, je constate que cette image est née à la réalité depuis, à mon insu. La voyant tout à l'heure, j'ai eu l'impression qu'un logiciel malin avait décrypté les arcanes de mes neurones pour en faire une pixelisation. N'étant pas dans ma tête, on peut difficilement imaginer le sentiment que j'ai eu en la yant, un peu celui de voir une prophétie se réaliser. Et je me suis dit aussi, après coup, qu'il était étonnant que je me sois souvenu aussi nettement de cette image que j'avais créée dans ma tête préalablement à l'écriture. J'imagine que j'ai oublié bien des choses que j'ai écrites (je le constate parfois en feuilletant mes propres ouvrages), mais cela était resté intact. Je sais que cette écriture est de celles qui m'ont le plus marqué.

Une fois de plus m'est apportée l'illustration que l'imaginaire engendre du vrai,  à bien des niveaux.

" Rien n'existait d'autre que ce face à face des deux éléments rivalisant de couleurs et de formes, soudés par les stridences des folles ruades du vent. Et puis, entre deux gigantesques plissements liquides, ricanant de leurs éclatantes dents d'écumes défiant les masses étamées, qui s'écartèrent avec révérence comme des rideaux sur un coup de théâtre, il apparut, aiguillon incongru aux colères marines, dérisoire éclat de résistance humaine. Mon cœur était étreint d'impatience angoissée, ainsi juché à l'étrave, aux avant-postes de cet inconnu tant désiré. Mais dès que je le vis, s'arrachant à la gangue océane tel un naufragé raidissant son corps pour quelques dernières bouffées d'air vital, dès que je vis ce frêle fût de granit où la maçonnerie grossière faisait d'étranges bubons, où la peinture aux vagues souvenirs de blancheur s'écaillait en de sombres plaies ouvertes, je conçus dans la fulgurance de cette seule apparition magnifique et misérable à la fois, toute l'étendue de ma naïve utopie... "

IMG_0590

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Commentaires
K
Cornus> Oui, assez d'accord, selon elle le tirage lui avait coûté 30€ déjà...<br /> <br /> Plume> Pas sûr qu'il y ait tant que ça de "traficage"...
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C
En toute honnêteté, sauf si c'est petit format tiré sur un papier ordinaire, 50 € c'est pas forcément cher pour une belle photo pour quelqu'un dont c'est le métier. La profession de photographe est sinistrée et de moins en moins arrive à en vivre.
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P
Oh punaise, je devrais faire marchande de photos, moi ! 3 ris de mer et hop 150 € ! :) :) :)<br /> <br /> En plus, si du moins on peut en juger d'après l'étape photo de photo, elle ne doit pas être au départ transcendante techniquement. Mais le traficage de la vague quand même il me botte.
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K
Plume> Photo de la photo avec Iphone de Vlad, l'auteure voulait me la vendre 50 €!
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P
Avec tout ça j'ai pas dit, mais la photo je la trouve puissante avec cette colorisation de la vague, on a (enfin, j'ai) l'impression de voir un monstre qui n'est pas la mer mais une créature sortant des eaux et se préparant à avaler le "tout petit" phare".
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