SUR LES PAS DE JACQUES LE BÂTISSEUR
Petite interruption dans la série irlandaise pour vous parler du cadeau que nous a fait Maître Jacques en nous conviant à visiter sur ses traces les lieux interdits de la cathédrale du Mans.
Tout commença par le spectacle nocturne consacré à la cathédrale qui nous fit redécouvrir le choeur gothique sous des éclairages fantastiques alors que la nef était scandée par des bougies.
Lorsque le spectacle fut terminé, on nous fit signe de rentrer de nouveau vite fait, alors que les grands vantaux de la cathédrale se refermaient sur ses mystères pour le commun des spectateurs. C'était chose très insolite de pouvoir déambuler presque seuls dans ce choeur si majestueux, encore sous les feux des projecteurs et où comédiens et techniciens s'affairaient pour effacer leurs traces avant la messe du lendemain. Ambiance de théâtre, décor de cathédrale. Je ne savais plus où j'étais.
Après, on nous avais dit que ce serait barbecue. Oui mais où? Un technicien me montre la direction d'une chapelle rayonnante (ah les chapelles rayonnantes du Mans, "profondes comme des églises", disait la litanie des célèbres cathédrale françaises et leur caractéristiques). Au fond de celle-ci, derrière les projecteurs amassés, une porte minuscule où je peine à me faufiler ouvre sur un jardin. C'est là !
Le lendemain, après la messe (enfin le marché dominical pour nous), retour à Saint Julien irradiée du soleil du matin.
Retour sur les lieux du barbecue, mais par la grande grille en fer forgé du conservatoire du patrimoine cette fois. Cet endroit sera ouvert quand les fouilles seront terminées. On voit ici le mur romain qui encerclait la ville et que le choeur gothique, bien trop grand pour tenir dans l'antique cité enjambe allègrement.
Petit tour "normal" à l'intérieur.
Cet échiquier serait un instrument de musique.
Je découvre l'existence de ce vitrail de l'Ascension qui serait, tenez-vous bien, le plus vieux au monde en place (1120). Son graphisme est étonnant de modernité, et ces couleurs !
Rien de ce qui se dit dans la salle capitulaire ne doit en sortir, nous dit cette statuette énigmatique...
Maître Jacques sort son trousseau et ouvre la porte de la tour... Une roue pour monter les cloches (jamais observée jusqu'ici).
Julien en personne (c'est le nom du bourdon, derrière !)
Ses copines...
Le sommet avec vue sur le vieux Mans, lieu de tournage de tant de films et feuilletons.
Nous redescendons ensuite pour ouvrir une autre porte, prendre un autre escalier qui nous conduit dans les toits des bas côtés de la nef éclairé par les fenêtres des "tribunes". Sous ces toit des vestiges divers qui indiquent que tout cela était utilisé autrefois.
Nous redescendons mais maître Jacques peine à réouvrir la porte et nous sortons enfin sous les yeux médusés des touristes qui entendaient farfouiller derrière la petite porte secrète, pour emprunter un nouvel escalier sous les yeux envieux d'autres touristes. Cette fois l'escalier est logé dans une des piles de la croisée (comme dans un certain roman, tiens quand j'y pense). L'escalier est jalonné de portes placardées d'écritaux qui mettent en garde et interdisent. Je brave l'interdit et ouvre la plus haute de ces porte : elle ouvre sans rambarde ni garde fou sur le vide du grand vaisseau !
Nous sortons, et c'est sans doute l'endroit qui me marquera le plus, sur le toit du bas côté supérieur, dans la forêt des arcs-boutant. Malgré mes ascensions innombrables, je n'avais jamais été dans ce genre d'endroits dont je rêvais depuis longtemps. Ajoutons qu'en matière d'arcs boutant, le Mans est une des plus belles et des plus complexes volées que tout le Moyen-âge ait bâti.
On parle souvent du peuple des figurines invisibles qui hante les hauteurs des cathédrales, merveilles faites presque "pour rien". J'en prends vraiment conscience ici.
On aurait pu croire le périple terminé mais une fois en bas, une dernière porte sera dévoilée qui nous mène dans une crypte sous la chapelle d'axe où sont enterrés les évèques.
Jamais je n'eus l'impression autant de visiter les "entrailles" d'une cathédrale!