ITALIE
Lorsque j'étais encore là bas et alors que j'avais accès à Internet, je constatai que notre confrère Calystee avait fait précéder le récit de son propre périple italien d'une introduction qui nous rappelait les liens qu'il entretient avec ce pays plusieurs fois évoqués par ailleurs. De son côté Plume s'amusait de ce que nombre de blogueurs de sa connaissance semblassent s'y être réunis pour une hypothétique convention. Dans le même temps l'auteur de l'introduction d'une traduction d'Eschyle que je m'apprètais à lire là bas pointait l'arrogance avec laquelle les français se comportaient comme s'ils étaient les uniques héritiers de la culture gréco-latine. Faits épars et sans rien pour les relier me direz-vous mais qui tissaient un vague dessein dans ma tête.
Je connais ma curiosité insatiable et savais que notre périple italien m'apporterait son lot de contentement, d'admiration, d'étonnement et d'instruction, mais je savais aussi que je n'y allais pas aiguillonné par l'irrépressible envie d'y voir quelque chose de particulier, que ce fût bâtiment ou paysage. L'Italie était à la fois la cause de mes seules mauvaises notes en études d'histoire de l'art et le berceau d'une civilisation dont des années d'étude du latin (de la cinquième à la khâgne au moins) n'avaient réussi qu'à me donner la mauvaise conscience de ne rien en retenir ou trop peu. (Mais dans ce cas devrais-je sans doute davantage en incriminer mes enseignants que ces pauvres romains eux-mêmes). C'était aussi un pays topographiquement mal connu. Je situais Rome, Gênes, Venise, Naples, le Stromboli et vaguement Milan.
Pour aggraver ma faute, je dois confesser que je n'avais pas préparé le voyage, contrairement aux autres endroits visités pour lesquels je me suis toujours renseigné suffisamment pour avoir une idée assez précise de ce que je voulais y voir. J'ai passé mes trois premières semaines de vacances à savourer d'avoir du temps à la maison et la veille du départ est arrivée qui m'a quasiment surpris.
La langue italienne, bien sûr, m'était inconnue, au point de croire que ciao voulait dire au revoir.
Alors?
Alors ce pays ne ressemble pas du tout à l'idée que je m'en faisais. Je l'imaginais blanc et sec et je l'ai vu plutôt vert et ocre. Sa richesse patrimoniale est époustouflante. Je ne comprends toujours pas trop l'architecture là bas et jamais l'expression "obligé de changer de logiciel", qui m'agace habituellement, ne m'a paru autant adaptée à ma confusion devant les cathédrales, j'expliquerai tout ça... Évidemment la partie centrale du séjour, en Ombrie, où nous étions dans une famille et un petit village, avait un charme tout différent... C'est sans doute la partie qui m'a le plus marqué, villages médiévaux perchés, la végétation abondante, nourriture plus qu'exellente et... Tiens, si, j'ai menti. La seule visite prévue de longue date, et à laquelle on me condamnait, s'y trouvait et c'était une sorte de jardin. Je regrette d'ailleurs de n'avoir visité aucun vrai jardin à l'italienne. Sans doute les monuments que j'ai préférés étaient-ils là bas aussi.
La dernière partie, un peu exténuante, était tout à fait inattendue et s'est décidée au dernier moment, je n'en dis rien.
C'est aussi le pays qui, d'un point de vue de la civilisation matérielle - forme des trottoirs, des trains et maints petits détails triviaux que je remarque toujours beaucoup malgré moi - m'a semblé le moins exotique de tous ceux que j'ai vus.
C'est parti.