WEEK-END ANNIVERSAIRE 3
Nous voici donc arrivé à Villedieu les Poêles, l'une des dernières fonderies de cloches hexagonales. Il y avait des fondeurs un peu partout autrefois, y compris en Bretagne. J'ai même trouvé trace de cloches hors de Bretagne qui ont été fondues en Bretagne. Il n'est pas facile de savoir le nombre exact de fonderies encore en activité. Le chiffre est officiellement de trois: Cornillé-Havard à Villedieu, Paccard à Annecy (la marque d'ordi Pacard Bell est à ce titre très drôle !) et Bollée à Orléans (venant du Mans à l'origine). Mais il est parfois fait mention d'une autre en Alsace ce qui ferait quatre. Cependant, notre guide à Villedieu n'a mentionné qu'eux-mêmes et Annecy, donc deux! Mais ils sont cinq si on compte Obertino et ses sonailles. Notons que dans les pays voisins, on tourne autour de 7/8 fonderies.
Ce qui est sûr c'est que cet atelier est le plus ancien puisqu'il date du dix-neuvième siècle et que le four de cet époque est toujours celui qui aliment les grosses coulées. Il fonctionne au bois et au charbon et brûle pour une fonte la quantité de bois pour chauffer une maison pendant deux années. Cette usine figure en bonne place dans le "patrimoine industriel" français.
Je savais pas mal de choses et j'ai été le chieur de service qui posait les questions pointues au guide. Mais j'ai appris des détails intéressants comme le fait que l'arrivée du train a sédentarisé l'activité campanaire. Il était devenu désormais possible de transporter ces grosses bêtes d'airain. Jusque là, les saintiers opéraient au pied des clochers à équiper. J'ai été frappé aussi par le pavage de l'atelier en chêne pour éviter de casser les cloches en les posant. J'ai compris aussi que les températures de fusion très différentes du cuivre (plus de 1000°) et de l'étain (autour de 250°!) obligeaient à incorporer ce dernier au dernier moment au risque de le voir s'évaporer! D'après eux, du bronze refondu n'est bon qu'à la statuaire. Il n'a plus les qualités acoustiques requises.
Évidemment, outre la visite commentée, nous était offerte la possibilité de "jouer" avec des cloches. On pouvait notamment faire tinter une énorme cloche (plus d'une tonne à mon avis - vous la verrez sur la vidéo mais l'enregistrement de rend pas la puissance et la rondeur du son), mais aussi sonner des mélodies sur des carillons grâce à des maillets et aussi admirer des cloches sculptées, tranchées, en coupe, cassées, démantibulées... Vous imaginez que j'étais comme un gamin sous le sapin de Noël!
Je n'ai hélas pas eu l'occasion de parler à un spécialiste de ma grosse cloche et de son sur-poids ! Le sol dièse de cette octave devrait tourner autour de 50 kg, elle en fait plus de 100! Mais les paramètres sont nombreux : épaisseur, profil...
Bref, tout cela était fort réjouissant, même Vladimir ne s'est pas ennuyé. On en est ressorti un peu épuisé néanmoins car nos oreilles avaient été mises à rude épreuve.
Il y avait bien un magasin de cloche. Les prix étaient à faire peur. Une clochinette plus chère que mes 140 kg d'arain dans mon beffroi !
Bon demain, tout ça va à Rome. Alors levez le nez, avec un peu de chance...
Les fondeurs ont réalisés eux-mêmes les grilles de la fonderie.
Magasin.
Cloche brisée
Une cloche dans le jardin
Trois cloches prêtes à partir au Viet Nam
Ambiance