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EN ALAN AR MEURVOR
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4 octobre 2011

LE LIVRE

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De toute ma vie, la vue de quelques livres seulement, dans les rayonnages d’une librairie, m’a fait sursauter. Une constante : des livres traitant d’un sujet très spécifique pour lequel je croyais être le seul à  me passionner ou encore des livres auxquels je ne pensais même plus à force de les avoir attendus. Celui qui m’est apparu vendredi, fraîchement sorti de l’imprimerie, et que j’ai regardé un moment, incrédule, avant d’oser m’en saisir appartient aux deux catégories à la fois. Je l’attends depuis vingt quatre ans !

A cette époque, alors que je suis des études d’histoire de l’Art à Paris, j’apprends, sans doute de la bouche même de celle sous la direction de laquelle je ferai, l’année suivante, mon mémoire de maîtrise, qu’est lancée une collection consacrée à l’art gothique dans chacune des « provinces » de France. C’est justement mon professeur, en charge de la chaire d’art gothique à la Sorbonne, qui la dirige. Je me prends à rêver, sans trop y croire, au jour où l’un de ces volumes sera consacré à la Bretagne. Je pressens en tout cas qu’il faudra s’armer de patience. Tant de régions françaises semblent à juste titre prioritaires. Qu’on pense à la Picardie qu’il l’a presque vu naître cet art gothique, et où il s’épanouit, à la Champagne, à la Beauce où il prospère, à la Normandie ou à la Bourgogne où il prend des airs et à tant d’autres endroits où il est chez lui. En Bretagne, il est importé assez tôt mais il n’y prend quelque ampleur que tardivement et ne fleurit vraiment qu’à l’extrême fin du Moyen-âge, au moment où ailleurs il se retire sur la pointe des pieds. Et encore, la sainte trinité de l’arc brisé, de la voûte sur croisée d’ogive et de l’arc-boutant, qu’on dirait consubstantielle à l’idée d’art ogival, n’y est présente qu’en de rares églises. En ce quinzième siècle, se définit un gothique breton qui ne ressemble à rien d’autre et que les historiens français de l’art ont ignoré jusqu’à très récemment.

Un jour peut-être… le gothique en Bretagne paraîtra digne d’une étude, me disais-je alors, dubitatif. Ce gothique qui me séduisait et m’intriguait de plus en plus, moi qui était pourtant sous la coupe d’Amiens et de Saint Denis, des grands classiques de l’opus francigenum

Et voila qu’il est entre mes mains, ce livre. J’ose à peine l’ouvrir. Je regarde un page ouverte au hasard, une photo. Je sais que les préliminaires pourront durer des jours. Savourer son existence avant de le connaître.

Un long chapitre introductif suivi des monographies de chacun des principaux édifices (manque étrangement Saint Tugen) classées par ordre alphabétique. A un moment, forcément, je me porte sur la lettre Q. J’ai plus hâte de lire d’autres chapitres où j’en apprendrai certainement plus mais je vais quand même faire un tour à la lettre Q (notez la photo de couverture). C’est à ce moment que Vladimir me fait une remarque que j’accueille d’un haussement d’épaule, mais par acquis de conscience je me porte sur la bibliographie concernant la cathédrale de Q. C’est stupide mais je ne m’y attendais pas, je n’y pensais plus. Voir mon nom m’a fait bizarre. J’ai repensé au moment où j’avais conçu l’éventualité de ce livre. Que je puisse y lire mon nom ne m’avais pas effleuré. C’est à ce moment que j’ai vraiment compris ce qu’étaient 24 ans de temps d’autant que l’hommage rendu en avant propos, me fait comprendre que ma professeur n’est plus en vie.

 

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Commentaires
C
Laplume> acides gras trans
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L
Des taches transglucides ?
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C
Plume a raison, ça fait des taches translucides, et je ne suis pas extra-lucides pour dire ça.
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L
Et interdiction de manger du kouign-amann en lisant le livre.
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C
Que du plaisir alors! Bonne lecture.
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