Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EN ALAN AR MEURVOR
EN ALAN AR MEURVOR
Publicité
Derniers commentaires
Archives
13 mai 2011

NETRAOUIGOU

Il est plus de 21 heures quand j’enfourche mon vélo pour un petit tour du soir dont l’envie m’est venue assez soudainement. Les choses, même les plus simples à réaliser, dès qu’on les fait sans d’être donné le temps d’y penser, prennent une saveur particulière, plus forte. Voila qui milite contre toute forme de routine et pourtant… De nouveau la fraîcheur vespérale est sensible, comme au bon vieux temps où le climat breton ressemblait au climat breton. Les routes sont désertes et la mer, atteinte très vite, est d’un calme lacustre. Je ne cesse de m’étonner de la rapidité avec laquelle la mer passe d’une humeur à une autre. Le parfum d’un arbuste qu’on plante beaucoup ici, entêtant à souhait et qui m’accompagne de loin en loin, finit de me convaincre d’acquérir cette plante que j’ai boudée pendant des années. L’anse du Port des Brisants se referme sur un reflet de soleil et il n’y a pas une fois où je ne m’étonne d’être là après quelques coups de pédalier. Je pénètre quelques instants dans l’ancien vivier et c’est là que je mets un peu mes idées en ordre pour ici. Jamais le titre de « petits riens » ne se justifiera autant, me dis-je alors, tant les touches innombrables qui me viennent en tête forment une procession hétéroclite. Depuis quelques semaines, le chèvrefeuille conquérant recouvre la lande et pousse à l’horizontale, ne trouvant rien d’érigé sur son chemin. Cette année, sa floraison, comme celle de toutes les autres espèces, est plus abondante que jamais. Mais son parfum, si puissant soit-il, ne semble s’exhaler que le soir et le matin. Et maintenant, devant l’immensité océane, point d’iode ni de relent de goémon à mes narines, mais c’est cette fragrance de mes favorites qui règne.




Demain après-midi, visite de la cathédrale. D’aucun pourrait croire que je l’ai suggérée, même sans en avoir l’air, comme un message subliminal, mais il n’en est rien.  C’est à la suite de demandes répétées que j’ai dit oui. Cela sera du même coup la conclusion de l’année de formation pour ce groupe et je me surprends à un petit serrement au cœur. La qualité des relations aux apprenants semble avoir été inversement proportionnelle à celle des conditions de travail de manière générale… A moins qu’il s’agisse là d’un réflexe de survie qui fait accorder une importance accrue à la seule chose positive qui me reste dans mon travail. Les menaces qui pesaient sur le maintien de ce groupe se sont envolées. C’est la lecture des journaux qui me l’apprend ! Ce soir, je surprends des échanges de regard chez mes élèves que l’arrivée impromptue de la « sous directrice » empêche d’accomplir ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Mais je crois deviner, je vous dirai demain si je me suis trompé… Ils allaient m’offrir quelque chose et je sais quoi. Et c’est dans le sac de celui de mes élèves que je vais regretter le plus, alors…

 



Un de mes collègues a discrètement pris ses habitudes ici, j’entends sur ce blog. Parfois, entre deux phrases, tost dre laer, il fait une allusion sympathique à ce qu’il voit sur ces pages virtuelles. Je ne dis rien mais ça me touche. Voila, du coup c’est dit !

 



Hier j’ai passé la journée entière avec mes stagiaires à Lokronan. Au programme visite d’une fabrique de kouign amann, pique-nique en haut de la montagne (voir photos post précédent) et visite de l’église du XVIème siècle. w3w7w6Quand je suis de retour sur mon lieu de travail, la visite des conseillers régionaux n’est pas terminée et je croise donc notre chère vice présidente en charge de la langue qui me lance « Ah Karagar, mais je t’ai vu au cinéma hier ». J’avais oublié que, la veille, avait été projetée dans un cinéma de Rennes, en avant première d’une diffusion télévisée, une émission consacrée à la place du subceinturien dans l’idiome armoricain à laquelle je participais. Je n’avais pu me rendre à la cérémonie. Mais N., qui y assistait, m’en avait déposé le DVD sur mon bureau en mon absence ainsi que la brochure de présentation, constellée de mots bretons traduisant bite, couilles et autre foufounette. C’est ce qui s’appelle une inauguration sur les chapeaux de roue. Le comptable me précise qu’outre le DVD et la brochure, N. avait un troisième objet à me remettre qu’elle avait égaré. Aujourd’hui donc, la belle blonde à retrouvé l’objet et me le remet dans la main… à ne pas utiliser, me précise-t-elle, c’est un collector !

w2

De quoi je me mêle ?

 



Il y a une semaine, je voyais un spectacle d’Ariane pour la première fois, à Nantes. 1914 : on tourne un film, muet bien sûr, à partir d’un roman de Jules Verne, dans l’urgence de la guerre imminente à la quelle on fait semblant de ne pas croire. La pièce, au prétexte de nous montrer le tournage d’un film muet EST un film muet reconstitué par le théâtre sous nos yeux. Je passe sur quelques longueurs et redites pour ne parler que du jeu des comédiens d’abord qui, retrouvant l’expressionisme du cinéma sans paroles, rejoignent ce moment de l’histoire où le septième art confinait au théâtre précisément, et ensuite de la virtuosité de la mise en scène qui met plus de 20 comédiens toujours en mouvement ensembles dans un ballet magnifique et on sent bien que la moindre erreur, d’un millimètre ou d’une seconde, rendraient tous les effets caduques, alors que des scènes qui pourraient n’être que loufoques basculent soudain dans l’émouvant sans prévenir, telle ce tête à tête entre Victoria et Darwin, regardant un échiquier/carte du monde que se partagent des petits drapeau britanniques et français où l’on ricane volontiers jusqu’à ce que le vieux savant, guère différend des caricatures d’Hergé, se lève dans une évocation échevelée des rigueurs climatiques du cap Horn et du courage des indigènes, moment dont on sort pantelant et transi de froid. Au delà du décor, c’est la cartoucherie de Vincennes qui est entièrement reproduite dans le parc des expositions de Nantes. Comme à Vincennes aussi le repas est servi avant la pièce. Ici on mange dehors et des paysagistes ont aménagé l’espace repas pour les 15 jours de spectacle…

 



Guérande enfin… Quand nous atteignons l’enceinte médiévale, la première impression qui me vient, vous allez rire, c’est Avignon. Avignon en réduction. Il faut dire que cette enceinte, comme celle d’Avignon, est une des mieux conservées qui soit et son châtelet un des plus beaux qu’il m’ait été donné de voir. w9w10w11L’église est réveille ma mémoire contre toute attente, j’y reviendrai. Mais ce dont je voulais parler c’est de la Bretagne, ou plutôt de la « non Bretagne », ou de la Bretagne niée. On m’avait rapporté il y a peu, la facilité qu’il y avait à obtenir un lieu pour jouer une pièce de théâtre en breton à Guérande, alors qu’on n’y parle pas cette langue et qu’ici dans le Finistère, c’est beaucoup plus compliqué. Paradoxe. Mais je crois qu’en arrivant sur place j’ai compris immédiatement. Guérande est en 44, donc officiellement plus en Bretagne depuis Pétain. Mais la langue bretonne est partout dans les noms de lieu, et la Bretagne est bien là dans les paysages et le style du bâti monumental ou vernaculaire. A Saint Malo, que personne ne conteste à la Bretagne, on chercherait vainement la moindre trace d’un toponyme breton mais dans la presqu’île Guérandaise… C’est pourquoi, à cause de ce déni d’identité, la Bretagne se clame là bas avec outrance, ridicule parfois. Mais c’est assez stupéfiant. Le touriste est bien sûr visé  mais je pense que ça va au-delà et que ces kouign amann, gwenn ha du et kig-ha-fars affichés partout sont des revendications à peu de frais.

w8

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Oups, erratum : Ma belle grand mère et non arrière grand mère !
Répondre
B
Identité très étonnante, en effet, que celle du pays guérandais. Schizo, un brin. Ma belle famille est de là-bas. Ma belle mère et ma belle arrière grand mère, parlant de la Bretagne a retenu la leçon de Vichy et parlent (parlaient, ma belle arrière grand mère est décédée en mars à 97 ans) à chaque fois de l'autre côté de la Vilaine. Avec son grand front bombé, sa peau et ses yeux diaphanes, la déformation de la hanche qui traîne dans la famille, la longère familiale toute bretonne avec sa porte fermière, bien plantée dans la lande, cernée par les toponymes bretons, je n'ai de cesse de me dire qu'il y a comme quelque chose qui cloche. Les crêpes de ma belle grand mère, qu'elle servait avec un "donc" à chaque phrase rivalisaient avec les meilleures krampouez. Son voisin immédiat, un cousin de ma femme, est mécano pour les Phares et balises. Les cousines s'appellent Gwenaëlle et sont mariées à des L*guen (mais non, ce n'est pas breton car c'est en un seul mot). Et pour parfaire le tout, le nom de jeune fille de cette charmante belle grand mère pays-de-loirienne, est le nom d'une commune bien morbihannaise. <br /> Mais à part ça, la Bretagne, c'est de l'autre côté de la vilaine.<br /> Après moultes efforts, mon épouse a enfin réussi à effacer le mot pays de Loire de son vocabulaire. Mais pour ma belle-mère, je crois que c'est une cause perdue.
Répondre
C
Je ne comprends que maintenant le clocher de Locronan que l'on voyait sur la note précédente qui me disait quelque chose. J'avais pensé un instant à St-T et à la baie d'Audierne, mais cela paraissait complètement impossible. En somme, je croyais que je voyais les images absured d'un rêve. Me voilà rassuré.<br /> Tiens, d'ailleurs Locronan centre, il faut que nous retournions.<br /> <br /> Guérande, j'y suis passé (vraiment passé, pas arrêté du tout) la dernière fois en 1990, juste avant que ma mère ne se casse la jambe à La Chapelle-des-Marais alors que nous attendions le premier départ du bateau de promenade dans le marais de Brière. Et du coup, je n'ai jamais vu le fameux marais.<br /> En parlant de breton pour touriste, c'est vrai qu'au Croisic, il en raffol(ai)ent. Je trouvais ça follement exotique qu'ils mettent presque tous sur leur résidence secondaire des Ker machin-chose. A ce sujet, j'avais trouvé déjà à l'époque Le Croisic fort déplaisant, impression confirmée par mon père qui l'avait connu environ 25 ans plus tôt à une époque où il y avait encore un vrai port avec des vrais habitants qui faisaient autre chose que de vendre du sable aux touristes.
Répondre
L
Eh bien le DVD je l'emprunterais bien un jour, car à l'heure de la diffusion je serai en plein certif ! <br /> Sinon, le collector, il est parfumé à la fraise de Plougastell ?<br /> Le cadeau ! Le cadeau ! Le cadeau ! Bon, s'il est dans un sac on sait déjà que c'est pas un érable du Japon...
Répondre
Publicité