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EN ALAN AR MEURVOR
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8 décembre 2010

LE CHAT DE KERVASKER 7

kervasker7

Chapitre  VII

Récit de Pornus à un auditoire inattendu


 

 

Le comte Pornus était choqué, commotionné, mais il ne souffrait d’aucune blessure. Il était surtout trempé jusqu’à l’os et transi de froid. La marquise, largement assez couverte, lui céda son inutile et encombrant manteau en panthère (synthétique) dont le comte se couvrit après s’être totalement dénudé dernière une des rares touffes d’herbes encore vaillantes du secteur.

-         Sexy, siffla la marquise.

-         Ca me rappelle, mon rôle, enchaîna Pornus rex Copuli, dans le film…

-         Suffit, coupa la marquise, je ne veux même pas imaginer !

C’est donc cette procession insolite qui regagna le manoir à la hâte, car le jour baissait. Ce qu’ils venaient de voir prouvait que le jour ne garantissait rien, mais la nuit les rendait plus vulnérables encore, et la progression dans les marais eût été des plus hasardeuses malgré la lampe torche à manivelle de Volaskell que lui avait offerte sa mère. Tous s’interrogeaient sur ce qui pouvait bien être arrivé au comte mais de peur que son récit les ralentisse, on avait demandé à Pornus de le réserver à leur arrivée en lieu sûr.

Quand ils abordèrent la cour manoriale, Anatole les attendait devant la porte, l’air contrarié.

-         Monsieur, dit-il à Yann-Marc’hkar, il y a là deux messieurs qui voudraient s’entretenir avec vous.

Devant la grande cheminée où de grosses bûches se consumaient, se tenaient deux hommes côte à côte. Le premier devait avoir une quarantaine d’années. Il avait les traits fins et assez distingués et, nota Yann-Marc’hkar, des cheveux d’un beau roux foncé. Il tenait à la main une étrange casquette et avait en bouche une curieuse pipe incurvée. L’autre était plus petit et semblait légèrement plus jeune. C’était un brun avec une fine petite moustache. A son sujet Yann-Marc’hkar pensa… mais qu’importe. Tous deux n’avaient d’yeux que pour le comte Pornus et son accoutrement. Yann-Marc’kar le remarqua et trouva leur regard étrange. Le grand roux prit la parole :

 

-         Messieurs dame, je me présente, Gwethenog Glasten, détective privé, et mon assistant le docteur Fulgence Donemat. Nous avons été engagés par les parents de la première victime de la lande, excédés des piétinements de la police. Pourrais-je vous poser quelques questions ?

-         Ma chère loque, le coupa Donemat, ne vois-tu pas que ces gens sont extenués ? Laisse-les reprendre leur souffle.

-         Fulgence, cesse ces familiarités devant des tiers, veux-tu !

 

Volaskell lança une œillade à Yann-Marc’hkar que celui-ci interpréta sans difficulté : il pensait que cet assistant était au détective ce que sont leurs secrétaires respectifs à Ropar*z Hemo*n et à sa sainteté Benoit et « ma chère loque » ne lui apparaissait pas comme le petit nom le plus excitant qu’on puisse imaginer.

 

-         Laissez, laissez, intervint Pornus, je suis bien aise de répondre à vos questions, ou plutôt de vous conter ce qu’il m’advint en cette funeste journée. J’étais très excité à l’idée de visiter une tourbière topogène minérotrophe, plus familier que je suis des tourbières fluviogènes et surtout de découvrir ou d’infirmer l’existence réelle de cette drossolis…

-         Pornus !, s’exclama la marquise, les faits !

-         Eh bien, figurez-vous, ma chère épouse, qu’il en est qui s’intéressent à mes recherches car quelle ne fut pas ma surprise de trouver près du lac noir un homme en pleine chasse au drosera ifernalis ! Un anglais, je l’ai tout de suite vu. La perfide Albion – pardon mon cher Volaskell – a eu vent de mes projets et envoie un agent pour me damer le pion. Mais, aïe âme ze best, que je lui ai dit ! Nous allions en venir aux mains quand une respiration rauque se fit entendre derrière les hautes herbes. Be car full, que je lui ai dit, ze bête of… of… et là j’ai eu un trait de génie typiquement Pornusien, je savais ce que veux dire kêr, en j’en ai déduit que Kêrvasker, en anglais c’est Baskerville !

-         Mais « ville » dit Volaskell, c’est du français !

-         Ah oui, je n’y avais pas songé, mais peu importe, je savais que « ze bête of Baskerville » était plus à même de faire comprendre la nature du danger à un beef… (coup d’œil de Volaskell)… un sujet de sa majesté Elisabeth II que « euzhvil Kervasker » comme dit ma femme ! Hélas, apparemment, il n’avait pas inventé la poudre car il ne pigeait que dalle ! Mais déjà une énorme forme poilue se profilait au travers des herbes et ce fut alors chacun pour soi. Je pris mes jambes à mon coup. Le message était devenu clair cette fois sans doute, car l’anglich en fit autant. Je courais, je courais sans me retourner, sans savoir où j’allais. Les pas derrière moi, était-ce l’anglais ou bien la bête ? Et puis soudain le sol s’est dérobé et j’ai commencé à m’enfoncer sans pouvoir ne rien faire. Je me suis dit : « Pornus, tu es mort pour la science ! » C’est à ce moment que j’ai entendu l’effroyable mise à mort. L’anglais avait sûrement légèrement bifurqué et était là où vous l’avez trouvé, j’ai entendu ses cris atroces en même temps que les rugissements de la bête, imaginant ce qui allait m’arriver. Mais au lieu de cela, les pas lourd de la chose s’éloignèrent dans un bruit spongieux et le silence régna, un silence insupportable. J’en vins à envier le sort de l’anglais pensant que la faim et le froid auraient lentement raison de moi. Et puis, je l’ai vu, juste devant moi, le drosera ifernalis. C’était comme un signe d’espoir. Je l’ai cueilli et serré dans ma main, pensant à ma gloire posthume. C’est alors que vous êtes arrivés.

-         A quoi ressemblait cette bête, demanda Glasten.

-         Mais c’est élémentaire ma chère loque, dit Fulgence, à un chat. Pas besoin d’avoir inventé le métropolitain pour comprendre ça !

-         Fulgence, ce ne sont que des légendes !

-         Mais si, confirma Pornus, à un chat, un chat géant, le chat de Kêrvasker !

 

Les deux enquêteurs ne voulurent pas tourmenter Pornus plus longtemps et prirent congé non sans avoir promis de revenir pour un interrogatoire plus conséquent.

 

Yann-Marc’hkar fit le nécessaire pour prévenir la police locale. Après dîner, il monta dans son bureau, ouvrit ses mails et eu la confirmation qu’il attendait. Ensuite, il s’adonna à quelques réflexions. Les deux acolytes ne lui donnaient pas l’impression d’être les plus fin limiers du monde, mais les apparences peuvent être trompeuse, dit-on. Quand au récit de Pornus, quelque chose ne collait pas. Las de ne pouvoir mettre le doigt sur ce détail, il rejoignit le lit conjugal où il trouva Volaskell et Bis-Cotto, déjà endormis. 

 

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Commentaires
C
Diantre diantre diantre !!!<br /> Peut-être que le Chat de Kervasker n'a pas mangé Pornus parce qu'il est lui-même toxique ou felifuge ou encore que Drosera ifernalis l'a protégé.
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K
Waaouuuuuuuuuu ! la photo d'en tête, elle est belle à frémir !<br /> Et quand je pense que nuitamment ce soir je vais faire visite à Botyen au manoir de Dame Katell de la Portebleue...glaglagla !
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