SEUL
Seul, à la tombée du soir dans un arboretum dont la liste des arbres est grosse comme un livre. Seul dans un arboretum qui ne sait plus à quel saint se vouer, fol essai qui n’intéresse plus personne et va être mis en vente.
J’ai été averti que les plantes de la pépinière allaient être bradées et me voilà sur la route qui me mène loin d’ici, dans la commune où je travaillais autrefois…
Je passe ici où je pense à faire une photo depuis tant d’année…
Notamment cet angle de vue sur la montagne Saint Michel :
Etrange sensation de solitude lorsque l’on m’accorde une demi-heure de visite. Une solitude jouissive, celle qui vous donne un privilège. Encore une histoire de jardin dont on sait ce qu’il va devenir et que j’ai vu à sa naissance. Je force le pas, je me perds un peu. Je trouve le bouddha sculpté par le mari d’une amie dans la « vallée himalayenne ».
Je collectionne les écorces
Profite des derniers couleurs d’automne
Des couleurs de toujours
Et de celles du couchant
Je repère une vieille connaissance en pleine marscesance, quercus dentata, que j’ai longtemps voulu planter pour ses feuilles énormes.
Et puis, ce sont de plus vieilles amours encore qui s’imposent à moi. J’ai observé tous les exotismes et les bizarreries, collectionné les raretés et les étonnements, mais face à moi le plus commun d’entre tous me rappelle qu’après un tour du monde botanique, je n’aurai trouvé plus belle silhouette, quercus robur, mon pivot, mon ancrage, hélas si rare et si chétif là où je vis maintenant.